samedi 25 avril 2009

24) EXPERIENCE PERSONNELLE ET RAME A GENOUX (2024)

J'ai commencé à m'intéresser sérieusement au paddlesurf en 2005. Surfeur et longboardeur assidu depuis de nombreuses années, je regardais à l'époque d'un oeil amusé Laird Hamilton jouant dans des micro-vagues, équipé d'une planche de tandem de 12' et d'une pagaie de pirogue bien trop courte... Mais lorsque j'ai aperçu l'animal en train de shooter avec style de solides séries, à Hookipa, au beau milieu des windsurfeurs, mon sang n'a fait qu'un tour ! Alors en 2006, je me suis précipité chez Magic Surfshop à Saint-Malo pour y acheter un SUP d'occasion. Il s'agissait d'un Gong Original Carve de 12 pieds de long pour 125 litres de volume. Je ne remercierai jamais assez Patrice Guénolé, le big boss de la marque, d'avoir cru très tôt en ce nouveau support, et d'avoir commercialisé ce flotteur qui a permis à de nombreux apprenti-SUPeurs de donner leurs premiers coups de rame ! De retour en Normandie, en avant pour les premiers essais à Trouville en compagnie de François Briard, et sans mode d'emploi, les débuts ne sont pas simples. Tant que le spot est glassy et les vagues petites, tout se passe plutôt bien, mais dès qu'il s'agit d'aller attraper des séries plus conséquentes sur un plan d'eau venté et clapoteux, la planche devient très instable pour nos 85 kilos ! Il faut dire que ce modèle ne fait que 65 cm de large, et je me résigne alors à l'utiliser comme un surf traditionnel lorsque les conditions sont difficiles. Peu de temps après, je prête mon matériel à Jean-Antoine Souyris un jour où le vent et le clapot sont de la partie, et je l'aperçois tout à coup debout avec la pagaie entre les mains sur l'une de ses toutes premières vagues ! Il m'avouera avoir réalisé le take off à genoux. Tiens tiens...

Le mois suivant, je suis de passage à la Tranche sur mer, et Dominique Maudet, moniteur de surf sur le spot de la Terrière, me propose de tester le No Friend Attitude, le nouveau 12 pieds Gong, 200 litres pour 78 cm de large. Yes ! La planche est facile à la rame et à placer au line up mais le flotteur est épais, et donc plus difficile à faire tourner au surf. Au bout d'une heure, je suis fourbu, épuisé par l'effort de rame, le fait d'être debout en permanence et de shooter tout ce qui passe au pic, mais aussi par la session de windsurf de la veille dans les longues vagues du Phare… J'en viens alors à ramer à genoux afin de m'économiser, me levant une fois lancé sur la vague. C'est beaucoup moins éprouvant et après une seconde heure de pratique, je sors de l'eau euphorique mais les genoux et le dessus des doigts de pieds complètement explosés par les frottements sur le pads de la planche !
Revenu à Trouville, je passe chez le shipchandler pour me procurer une pagaie de canoë d' un mètre cinquante cinq, m'équipe de genouillères et de chaussons afin d'éviter les brûlures sur le pont de la planche, et reprend ma bonne vieille Original Carve pour une session magique dans de jolies vagues d'environ un mètre : rame efficace comme sur une pirogue polynésienne, départ du fond du line up sur la moindre bosse de houle, take off aisé grâce à la pagaie courte, et maniabilité en surf car ce flotteur ne fait que 125 litres. Je paddlesurfe ainsi des dizaines de vagues pendant la marée descendante, soit environ 3 h 30 de pratique, et sors de l'eau certes fatigué mais bien moins que si j'avais fait du longboard pendant 2 h …
Depuis ce jour, je n' ai jamais refait de surf traditionnel, quel que soit la taille des vagues, et j'ai été pendant quelques temps un fan de la rame à genoux, réalisant une multitude de formidables
sessions, à l' image de Ludovic Dulou, waterman reconnu de la Côte Basque, et qui possède dans son quiver une planche particulière shapée par l' australien Dick Van Straalen : celle-ci est spécialement conçue pour ramer à genoux ( mais lui sans pagaie ! ) ... et surfer ensuite debout une fois le take off effectué !
Les planches de paddlesurf se sont ensuite élargies, et il est devenu bien plus facile de réaliser des sessions de 2 ou 3 heures debout en permanence sur sa board. Et même si je ne renie pas l'époque où je rejoignais le pic en ramant à genoux (ce qui déclencha une belle polémique sur le forum Gong, merci au passage à Jean-Paul Averty pour son soutien ! ), j'avoue que je passe maintenant 100% de mes sessions debout sur mon SUP... J'utilise le plus souvent des Naish 10'6 Nalu et  RRD 9'11 Super dès que les conditions le permettent.
La 10'6 Nalu fait 71 cm de large pour un volume de 153 litres : c' est un noserider assez léger et relativement maniable, que j'apprécie pour sa glisse générale. Il faut le travailler avec les jambes à la manière d'un longboard moderne pour qu'il donne toute sa mesure mais une fois compris ce principe, les avantages de cette planche sont nombreux : carving de bon niveau avec des virages assez serrés pour un LongSUP, manœuvres plutôt radicales pour un paddlesurf de cette taille, et take off facile. Equipé d' un thruster monté sur un arrière shapé en roundpintail et muni de rails relativement fins, les drops sur les grosses séries s' effectuent en confiance, de même que les sessions dans des conditions ventées. C'est ma planche à tout faire de type longboard dans des vagues allant de 50 cm à un bon 2 m, et mon gun quand il s'agit d'aller chercher des grosses séries au large dans des conditions difficiles.
La 9'11 RRD Super est quant à elle une planche de 76 cm de large pour 144 litres de volume. C' est une board stable lors de la rame et le passage de la barre est tranquille, même si celle-ci est relativement consistante. Une fois au large, faire demi-tour pour attraper une vague est très facile, et elle se révèle plutôt sûre en cas de late take off. Bien adaptée aux vagues creuses et rapides, c'est une planche joueuse mais qui reste très abordable. On peut la conduire de manière dynamique, comme un ShortSUP, et elle permet des manoeuvres assez incisives sur l' épaule. Je la ride avec un montage des ailerons en trifin (central de 13.5 cm et latéraux de 10.5 cm, plus petits que ceux d'origine. Car comme bien souvent, les dérives livrées avec une planche de série sont surdimensionnées :  il ne faudrait pas que le pratiquant moyen décroche lors du bottom turn quitte à brider la board...), lesquels assurent vitesse et carving. Je gagne ainsi en verticalité et donc quelques degrés lors de la remontée sur la face de la vague avant le top turn, et la sensation de fluidité et de liberté est formidable sur ce flotteur dans cette configuration, sans parler de l'accélération lors de l'amorce du bottom turn !!!
Lorsque les vagues sont vraiment faiblardes, il m'arrive d'utiliser la Bic Jungle de mon épouse pour de longs rides à la cool et tout en glisse. Cette planche de 11 pieds par 72 cm permet de démarrer sur des séries minuscules grâce à son volume de 175 litres. Montée en singlefin, elle génère une bonne vitesse dans les vagues molles, et avec un arrière squaretail, elle tourne avec aisance dans un petit périmètre grâce à sa faible largeur, à condition de bien se reculer sur le flotteur. Conçue pour un programme '' petites vagues '' par Gérard Dabbadie et Sergio Munari, il faut savoir que si la houle grossit un peu, cette planche se montre aussi à l' aise dans les bottom turns sur le rail, et elle permet de poursuivre la session sans changer de flotteur.

J'ai aussi eu l'occasion d'utiliser de nombreux autres modèles ( comme les Naish Hokua 9'6, PSH Wide Ripper 9'6 et  8'9, Jimmy Lewis Mano 9'9, Starboard Pocket Rocket 8'5, etc, etc, merci à tous les potes pour les prêts ! ), et pendant les trials de la Torche 2012, j'avoue avoir eu un gros coup de coeur pour la Naish Hokua 9'5 que m'avait courtoisement mis à disposition Yann N'Guyen, le boss de Naish France. Vitesse, précision, et slash easy pour cette extrapolation de la planche ridée par Kai Lenny... Je viens d'en retrouver une d'occasion en cette année 2023, et c'est de nouveau la grande régalade, toujours en trifin (14 cm et 10 cm)

Question pagaies, je SUPsurfe avec une Kiaola Méthane d'1 m 90 pour un max de maniabilité et des changements de direction rapides, mais aussi parfois une d'1 m 93 pour de solides '' plantés de bâton '' pendant les top turns sur mes grandes planches dans les toutes petites conditions. Pour ce qui était de la rame à genoux, j' utilisais une pagaie Side On Vario ( le modèle Junior ! ) dont je réglais la longueur selon le volume du flotteur sur lequel j' évoluais. Et lorsque la barre était vraiment difficile à passer, je gagnais le large en 1 m 65 afin de pouvoir pagayer avec une fréquence élevée, et je la rallongeais à 1 m 80 dès qu' il s' agissait de surfer la vague !
Vous trouverez ci-dessous les avantages et les inconvénients de la position de rame à genoux par rapport à la positon stand up. Il existe d' autres variantes : lors de compétitions organisées au Brésil ou en Australie, ou bien pendant les phases finales du SUPWT qui se sont déroulées à Anglet les 15 et 16 mai 2010 dans des conditions difficiles, certains top paddlesurfers remontaient au pic en passant la barre...allongés à plat ventre sur leur SUP, la pale de leur pagaie placées sous leur torse et la poignée orientée vers l' avant, en ramant avec leurs bras comme des surfers ! Le cas s'est reproduit lors de la finale du championnat de France 2010, au cours de laquelle un vent onshore et un plan d'eau désordonné ont contraint les compétiteurs à utiliser cette technique afin de pouvoir passer la barre. Comme le dit Rémy Quicke, 3ème de la finale, '' Et surtout garder notre énergie pour les manoeuvres sur la vague ! ''. Dans le même registre, Patrice Guénolé, le designer des planches Gong et Drops, a développé la technique dite du '' paddlesurf clip ''. Elle consiste à clipser sa pagaie à une petite pièce de plastique portée à la ceinture puis à gagner le large en ramant à plat ventre sur un shortboard, la pagaie le long du corps. Une fois au line up, il s' agit de réaliser un take off de manière classique en prenant appui sur ses deux mains puis une fois debout, de '' dégainer '' sa pagaie pour ensuite surfer la vague à la manière d' un SUPer : je vous laisse imaginer la réactivité ainsi obtenue en couplant les plantés de pagaie et la vivacité d' un shortboard ! On voit aussi certains de riders utiliser une '' double blade '', une pagaie double identique à celle des pratiquants de kayak, permettant au SUPer d' alterner instantanément la rame babôrd et la rame tribord sans avoir à changer sa pagaie de côté. Pas très esthétique et pas très maniable en surf diront certains mais diablement efficace, comme entre les mains du très doué Sylvain Pladys ! Loin de moi l' idée de vouloir vous pousser vers l' une ou l' autre de ces pratiques. C' est à chaque rider d' assumer son support et les outils liés à sa discipline mais si vous décidez de tester la rame à genoux, faites-le dans de bonnes conditions afin de vous faire votre propre avis. Utilisez pour cela une pagaie courte d' environ 1 m 70, ce qui vous permettra de prendre en main convenablement la poignée et de juger ainsi de la puissance et de la maniabilité obtenue.


Avantages de la position rame à genoux sur la position stand up !
- Utilisation d' une planche moins volumineuse, plus maniable, plus légère et plus facile à transporter.
- Utilisation d'une planche moins large permettant aussi de ramer facilement sans la pagaie si besoin.
- Utilisation d' une petite pagaie, longue d'environ 1 mètre 70, très maniable, notamment lors des changements de mains frontside-backside.
- Centre de gravité du corps abaissé et donc meilleur équilibre à l'arrêt et pendant la rame, notamment en cas de vent ou de clapot.
- Position reposante permettant de paddlesurfer très longtemps et de consacrer son énergie aux manoeuvres sur la vague.

Inconvénients de la position rame à genoux sur la position stand up !
- Take off obligatoire, et donc manœuvre délicate dans les vagues creuses.
- Position moins haute et donc vision moins panoramique du spot.
- Passage des mousses de bonne taille plus dangereux qu' en position Stand Up. Ne pas hésitez à s' éjecter à l' avance en cas de doute d' un choc avec la planche !
- Pas de plantés de rame possibles pendant certaines manœuvres, comme les bottoms dans les petites vagues molles, car pagaie trop courte.
- Relance avec la pagaie possible dans les vagues molles à condition de se baisser en pliant les genoux.
- Obligation de porter des genouillères et des chaussons afin d'éviter de sévères brûlures aux genoux et sur le dessus des doigts de pieds.

3 commentaires:

  1. super intéressant !! cela me rappelle les début du wave ski

    est ce possible avec un longboard ou faut il forcement passer par un sup ?

    je comptais m'acheter nose rider bic 10

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  2. Bonjour, comment passez vous de la position à genoux à
    La position debout au take off?
    Vous posez les deux mains pour une impulsion
    ou vous faites un pied après l'autre?

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  3. - un longboard classique ( disons entre 9' et 10 ') ne convient pas pour cette technique de rame à genoux, à moins d' être très très léger ! La planche est trop instable latéralement du fait de sa faible largeur par rapport à un SUP, et le fait de se redresser sur ses genoux pour ramer n' arrange rien au niveau de l'équilibre !
    - concernant le passage position à genoux-position debout lors du démarrage sur la vague, il faut impérativement poser les deux mains sur le pont de la planche pour donner une impulsion et se lever d' un seul coup à la manière d' un surfer. S' il est possible de faire un pied après l' autre dans de toutes petites vagues, cela devient franchement casse-gueule dans des séries plus respectables et c' est aussi une mauvaise habitude que votre cerveau va mémoriser, ce qui vous pénalisera ensuite pour passer à la technique avec impulsion.

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